
Comme je vous le disais dans le billet précédent, je suis en train de réfléchir sérieusement à l'écriture d'un guide touristique autour des cabanes ouvertes de Soule. J'ai envie de faire connaître ces vieux cayolars qui ont été restaurés par Bortükariak ou d'autres entités locales, mais surtout, j'aimerais que leur travail fasse des émules et que d'autres cabanes soient ainsi restaurées et mises à la disposition des montagnards ou des simples amateurs.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé les cabanes, la Nature, et même si je suis quelque part un enfant de la ville (une petite ville : Cognac), je l'ai toujours fuie (Cognac, Bordeaux, Saujon, et même Mauléon) pour m'isoler de cette société oppressante cannibale et rechercher une forme de solitude. C'est mon côté "gros ours grognon". Alors quand j'ai découvert l'existence de ces cabanes ouvertes en montagne, croyez-moi, ça n'a pas fait un pli dans mon crâne : c'est là que j'irai me réfugier chaque fois que j'aurai besoin de me ressourcer !
Mais je suis un être humain, comme vous tous, qui me lisez (à part Régis S., qui est un Reptilien, mais il ne faut pas le dire...). Et donc la solitude, l'isolement, ça va un moment.
Comme l'a écrit mon idole Chris McCandless (aka Alexander Supertramp) dans son journal intime : "Happyness only real when shared", le bonheur n'est réel que s'il est partagé.
C'est pour cette raison qu'a germé en moi l'idée de partager l'existence de ces cabanes avec le grand public : j'ai envie de partager le bonheur que l'on ressent lorsque après une longue et rude marche, on arrive enfin à ce petit refuge qui semble toujours avoir été là pour nous. Je voudrais partager cette joie d'allumer un feu de camp, le soir (dans l'endroit prévu à cet effet, s'il existe), sur lequel on fait griller ses saucisses, et les nuits parfaites pendant lesquelles vous ne verrez jamais aussi bien la voie lactée... J'ai envie que d'autre que moi puissent découvrir le bonheur d'abriter leur sommeil sous les toits en bardeaux de hêtre (ou en tôle pour certaines), à deux pas des sangliers et des isards, des brebis ou de l'ours, qui sait, mais loin de cet infernal monde bruyant, des chaînes d'info en continu, des bagnoles et d'Internet...
Mais d'un autre côté, je suis moi-même partagé... En effet, quand je vois dans quel état certains connards laissent les lieux, je me dis que je ferais mieux de tourner 7 fois mon clavier dans mon derrière avant de le dégainer. Entre :
- ceux qui chient partout, laissent leurs fèces et leurs PQ merdeux bien en évidence au milieu du sentier (vous vous prenez pour un hérisson ou quoi ? Faites plutôt comme les chats : enterrez tout !),
- ceux qui laissent leurs déchets partout soit dans la cabane, soit n'importe où dans la Nature (NON ! dites-vous bien que personne ne viendra les ramasser à votre place - achetez-vous une âme, nom de Dieu !),
- ceux qui écrivent leur nom sur les murs, qui le gravent dans le mobilier ou dans la charpente, comme en CM1,
- ceux qui hurlent comme des veaux dans la forêt (respectez la quiétude des lieux),
- ceux qui vont déranger les troupeaux en train de pacager tranquillement (respectez le travail des bergers !),
- ceux qui font des cairns sur des sentiers super bien balisés (à quoi ça sert ?),
- ceux qui cueillent des fleurs sauvages, les piétinent ou les détruisent à coup de bâton (quand on est con...),
- ceux qui dégradent ou volent le matériel laissé à la disposition des usagers des lieux,
- ceux qui lancent des cailloux dans le vide sans vérifier s'il y a quelqu'un en dessous,
- ceux qui vont marcher en montagne en tongs ou en talons,
- ceux qui brûlent tout le bois laissé dans les cabanes sans aller en chercher d'autre pour les suivants,
- ceux qui allument des feux hors des endroits prévus,
- ceux qui carrément, s'approprient les cabanes alors qu'elle appartiennent à des groupements d'éleveurs, qui les laissent à disposition du public pour les cas de force majeure (brouillard, nuit, orages...)
- et j'en oublie certainement qui commettent d'autres exactions plus ou moins graves ; bref, entre tous ces cas-là, je me dis que mon idée est une fausse bonne idée.
À moins que je n'inclue une dimension éducative dans le livre... Car pour moi, il est essentiel que les gens comprennent que l'Homme doit laisser le moins de traces possibles de son passage dans la montagne. Il faut qu'il se considère comme un "invité" dans la Nature, et en tant que tel, ils doit s'y comporter correctement, presque avec humilité, un peu comme s'il allait visiter Notre Dame de Paris : on respecte les lieux parce que la forêt et la montagne sont aussi des cathédrales, mais naturelles. Et au train où vont les choses, ce sont peut-être les dernières qui nous resteront...
Alors peut-être que je vais aussi faire un chapitre sur le bon sens et les règles de base du savoir vivre dans la nature sauvage et dans les cayolars, puisque apparemment, ce n'est pas inné chez l'Homme... Et vous, qu'en pensez-vous ?
Iviu 14/12/2019 02:06