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Aussi appelée "la boucle du Boyer endurant" par les intimes... Oui, c'est débile; et oui, certainement que cette boucle
doit déjà avoir un nom bien précis en basque. Mais comme je ne le connais pas, j'improvise avec mon expérience...
Le beau temps revient, alors c'est le moment où jamais pour me remettre à vous parler de la Soule (vous savez, ce petit
coin de paradis perdu du Pays Basque dans les Pyrénées Atlantiques) de façon positive... La Soule que j'aime, quoi, pas celle qui m'exaspère (et qui veut des voies rapides et le Wimax, qui
chasse, qui pollue avec ses 4x4, qui fout le feu à la montagne et serait prête à tuer des ours -qui n'existent plus depuis 50 ans-)
Les villages
d'Ordiarp et Musculdy sont
encerclés par les grandes collines du piémont souletin. Si on regarde bien, ça fait un peu comme un cirque. Pas aussi beau que celui de Lescun (en vallée d'Aspe), ni aussi majestueux et célèbre que celui de Gavarnie, mais un cirque quand même... J'ai la chance d'y habiter, et de pouvoir accéder aux cimes
rapidement : je suis à environ 30-45 minutes à pieds du tumulus de Gaztelusare. Cet endroit est d'ailleurs souvent l'occasion des balades familiales et digestives du dimanche
après-midi.
J'ai déjà fait cette boucle avec mon pote Maaatch, un après-midi d'automne il y a quelques années, donc je savais que c'était faisable, pas dangereux, quoi qu'un peu physique quand même. Donc dès qu'il a recommencé à faire
beau, j'ai proposé ce plan à ma chère et tendre, et on s'est lancés depuis la maison. Pour ceux d'entre vous qui auraient envie de s'y frotter aussi, vous pouvez démarrer depuis le centre du
village d'Ordiarp (il y a des places de parking) et suivre le tracès du GR 78 en
direction du Nord (comme si vous alliez à Mauléon Licharre, quoi).
Ensuite, il
faut monter dans le quartier Khalbeguy, à gauche du siège de Bil Xokoa (la maison
Junuenia) et suivre les panneaux jaunes qui pointent vers la chapelle Saint-Grégoire. Jusque là, rien de compliqué même si ça grimpe pas mal sur les 500 premiers
mètres : c'est rien que du bitume! S'il fait beau, vous pourrez commencer à admirer la vue panoramique sur le massif des Arbailles avant de rentrer dans le bois qui se situe
juste après une grosse ferme pleine de moutons bêlants . Passez les portails en aluminium. ;-)
A partir de là, on commence à arpenter les chemins de terre caillouteux, souvent graisseux de pluie (Ah je ne vous l'avais
pas déjà dit? Il pleut beaucoup en Soule, d'où les immensités de verdure...).
Même à cette altitude (environ 500 mètres) Vous allez certainement croiser des troupeaux en liberté
(vaches, chevaux, moutons); aussi, si vous avez un chien, tenez-le en laisse : ça vous évitera de devoir aller expliquer aux paysans du coin que vous êtes responsable de la mort par étouffement
de 300 brebis (au mieux), ou de vous faire douloureusement encorner par une vache suitée (au pire). Si vous passez par là en automne : gare à ne pas déranger les chasseurs de palombes!
Suivez la piste,
passez un premier portail en aluminium, puis au second, obliquez à gauche toute, directement vers le sommet du site protohistorique de Gaztelusare en suivant les traces de
quelque véhicule tout-terrain (si vous suivez le chemin balisé, vous arriverez dans le col situé entre Gaztelusare et la chapelle Saint-Grégoire).
Cet endroit ressemble à une sorte de plateforme d'herbes rases, partiellement recouvertes de fougères et autres buissons
d'ajoncs. Il n'est pas rare d'y trouver les restes de repas des vautours fauves.
Une fois arrivé au sommet après cette première petite suée, vous pouvez apercevoir toutes les crètes du cirque que vous
allez parcourir, en regardant vers l'ouest.
Suivez le chemin qui serpente au dessus de Musculdy et Pagolle. C'est quasiment tout
droit, relativement plat, et la vue est magnifique des deux côtés. Au bout de 30 minutes de marche, vous allez traverser le col et la route qui lie les deux villages. Continuez tout droit
jusqu'au bout de ce chemin empierré en zig-zag. Sur cette partie de la colline, vous ne verrez plus que le versant qui surplombe Pagolle, sur votre droite. Vous allez à nouveau tomber sur une
route (plus petite et moins fréquentée que la précédente). Traversez-là, et passez de l'autre côté du portail.
On est à nouveau sur du chemin de terre, parsemé d'herbes. Montez
jusqu'en haut du pâturage, puis coupez sur votre gauche, pour tenter de rejoindre le sommet de la colline.
Vous longez maintenant un champ de hautes herbes sèches qui montent à hauteur de bassin, essayant sans doute de cacher la
cime enneigée du pic d'Anie qui brille à l'horizon, au sud.
Continuez tout droit, passez le chateau d'eau (on dirait un bunker allemand de la seconde guerre camouflé sous la terre
), puis passez la clôture du champ de maïs (en été. En hiver, le paysan y fait vraisemblablement pousser des graminées)
maintenant en face de vous. Vous allez longer cette clôture par la gauche en évitant de piétiner les semis, jusqu'à ce que vous sortiez du terrain (par la grande porte au bout de 400 à 500 mètres
environ).
Là, vous allez passer dans un mince couloir de bosquets qui débouche directement sur la départementale 918
qui passe par le col d'Osquich et qui mène à Saint-Jean-Pied-de-Port. Traversez prudemment cette artère, et gagnez le parking visible un peu plus haut sur la
droite, la suite du chemin est ici!
Là, suivez tranquillement le sentier, puis tournez à droite dans la
prairie la plus proche. A partir de cette étape : gare au coeur qui tape! Il s'agit de grimper jusqu'au grillage de fil de fer barbelé embusqué derrière une haie de noisetiers, à 250 mètres en
haut d'une pente bien raide, en plein soleil!
Le grillage est affaissé sur plusieurs mètres, donc il est facile à franchir. Vous vous retrouvez à nouveau dans un champ
de hautes herbes sèches parsemé d'ajoncs et de ronciers. Traversez-moi tout ça tout droit, et cessez donc de tergiverser!
Vous êtes stoppé par un nouveau grillage, qu'il vous faudra cette fois-ci enjamber prudemment, ou tout simplement
contourner un peu plus loin (à 50 mètres) sur la droite.
Plus haut, on trouve encore un grillage légèrement affaissé dans de gros cailloux gris. Passez par dessus, et traversez la
grande prairie qui s'ouvre à vous. Tout au bout, passez le portail soutenu par deux grandes haies et rejoignez le chemin balisé qui monte depuis Musculdy et suit l'implantation
de la ligne de poteaux électriques.
Vous voilà en vue de la
chapelle Saint Antoine... Suivez "l'autoroute" toute tracée dans l'herbe. Attention aux âmes sensibles : cet endroit est parfois un vrai charnier! On y retrouve régulièrement des
dizaines de cadavres d'animaux (le plus souvent des brebis) qui servent de repas aux vautours fauves. Avec un peu de chance, vous trouverez bien une ou deux plumes parfumées du
grand charognard, que vous pourrez ramener fièrement à la maison!
Au bout de quelques longs mètres d'une sente presque vert-fluo qui traverse une immense étendue de touffes de graminées séchées, vous
allez rejoindre la piste qui monte à la chapelle, empruntée par les mamies en promenade dominicale, ou les touristes (et certains autochtones paresseux) en voiture. Vous pouvez l'emprunter si
vous souhaitez ménager vos forces, ou couper directement à travers la pente (qui grimpe à n'en pas finir après tout ces efforts)!
Voilà, une fois arrivé à la petite église montagnarde, vous avez fait la moitié de la route! Il est temps de se reposer
cinq minutes, de grignotter un truc ou deux en admirant la vue enchanteresse sur le massif des Arbailles, tellement près qu'on pourrait le toucher! Profitez-en, car la suite est coriace...
Côté Est, lorsque le temps est clément, on peut distinguer la basse-Soule jusqu'à Mauléon-Licharre, et la
Haute-Soule seulement à ces prémisses, jusqu'à Sauguis Saint-Etienne...
Le coin est un lieu privilégié pour les fanatiques du parapente et les modélistes. En fonction de l'heure à laquelle vous
arriverez au sommet, vous aurez peut-être "la chance" d'en apercevoir quelques beaux spécimens en action!
La chapelle Saint Antoine est d'ordinaire fermée au public (sauf exceptions : concerts polyphoniques ou
messes particulières), mais ne manque pas d'intérêt : on se demande bien comment les souletins qui l'ont construite en des temps immémoriaux ont pu emporter tous les matériaux nécessaires à une
époque où les 4x4 n'étaient même pas envisagés dans l'esprit humain! En été, une source d'eau potable est ouverte au public sur sa face sud. Idéal pour regonfler les outres vides avant d'aller
affronter les pentes sèches, rocailleuses et en plein soleil du Pic d'Elaudi,
qui vous attendraient en se frottant les mains si elles en avaient!
Traversez donc la piste et
dirigez vous plein sud vers Elaudi. Là c'est facile : c'est que de la descente! Vous pouvez suivre une petite piste caillouteuse à 4x4 dont on aperçoit les virages sur la droite,
ou carrément couper à travers champ, dans la pente herbeuse. Attention, cette deuxième option -plus rapide- est réservée à ceux d'entre vous qui ont les chevilles et les ligaments des genoux
solides : ça descend bien, et c'est assez accidenté (trous, lames de karst, plantes piquantes, et serpents en été)...
Si vous suivez ce conseil, vous allez longer par la gauche la clôture d'un grand champ, puis pénétrer dans un petit bosquet
où trône une vieille cabane de chasse en piteux état (une destruction lente et inexorable, c'est tout ce qu'on souhaite aux cabanes de chasse, d'ailleurs). En suivant sur le col, vous allez
rejoindre la piste que vous aviez quittée plus haut, et prendre à l'ouest. Vous voyez : je vous avais bien dit que ça n'allait pas être une partie de rigolade cette montée du pic
d'Elaudi! Lorsque nous avons fait cette balade avec Fabienne, il y avait à cet endroit des touffes éparses de violettes parmi les pissenlits. C'est là qu'on a la preuve concrète que les
couleurs mauve et soleil peuvent aller ensemble, lorsque c'est la nature qui les impose...
Une fois là haut, ne cherchez
plus la pancarte au centre du mamelon : elle a été détruite, et rassemblée en un tas informe, avec les débris de la croix datant de 1622.
Traversez le sommet en oblique et légèrement vers le nord-ouest. Vous allez apercevoir sur la petite colline en face de
vous, entre Musculdy et Ordiarp le chemin de terre que vous devez maintenant rallier, et qui n'est autre que le GR 78!
Là ça ne rigole plus : soit vous essayez de trouver le sentier qui part vers votre droite (en espérant qu'il rejoigne ce
point précis d'une manière ou d'une autre, ce que je n'ai point testé), soit vous vous la jouez "Indiana Jones", et vous foncez droit devant, à travers les ronciers et les trous d'herbes...
Attention, c'est la fin de la journée, les ombres s'allongent, la vision n'est plus très nette, l'assiette vous appelle et vous en avez sûrement plein les pattes! Pas le moment d'aller vous
casser la malléole à 2 heures -à peine- de la voiture! Nous (après maints ergotages typiquement
féminins), nous avons finalement opté pour le "trip baroudeur", parce que la nuit
commençait à tomber et que je sais être très persuasif, dans certains cas...
La descente est raide et "freestyle", comme elle le promet, et il faut
emprunter des passages en sous-bois au sol assez glissant (car recouvert de feuilles pourries) qui suivent la pente pour éviter des ronciers gigantesques et impratiquables. Mais à force de ténacité, vous allez finir par
rejoindre à mi-parcours le
sentier du GR 78 (qui mène à Saint-Just Ibarre) qui ondule jusqu'à un long chemin de tracteur inondé de grandes flaques de boue (je ne l'ai jamais vu
autrement).
Au bout, c'est la route goudronnée! Il suffit de continuer la descente, et on arrive enfin à l'intersection entre la sente
qui retourne sur Ordiarp à gauche, et celle qui part vers le col de Naphal à droite.
Prenez à gauche, et suivez tout droit jusqu'à la route de Garaïbie, et obliquez à gauche toute!
600 mètres plus loin, c'est le carrefour de la ferme Queheillalt. Si vous poursuivez tout droit, vous
allez longer le ruisseau par la gauche jusqu'au centre du village, en passant par la route la plus utilisée par les voitures. Si vous passez par la route à droite, moins fréquentée, vous allez
aussi rejoindre le centre mais plus rapidement, après une dernière montée (comme pour vous achever).
Et vous voilà au parking! Vous voyez, c'était pas si dur, hein, ces 15 petits kilomètres! Vous êtes même prêt à vous la
refaire cette balade, mais à l'envers, ce coup-ci!
Un peu de rabiot en images?
Sur le chemin entre Pagolle et Musculdy, à flanc de colline
Le village de Pagolle, lové dans un creux du piémont entre Soule et
basse-Navarre
La Chapelle Saint
Grégoire, au dessus d'Ordiarp, face au tumulus de Gaztelusare
Le pic de Zaboze, qui ressemble à une grosse verrue au dessus des gorges des
sources de la Bidouze
(prise de vue depuis le sommet du pic d'Elaudi)
Lors de la descente
d'Elaudi, le soleil roussit sur la haute-Soule et illumine le rocher d'Arguibel