Voilà l'exemple typique d'un article de CLP sabré par un journaliste pour (officiellement) raison de "longueur incompatible avec le format du journal et/ou bavardage inutile" (voir l'article publié dans Sud-Ouest Béarn et Soule lundi 22 janvier 2007)... Vous remarquerez (dans le texte original publié sur Euskobizia, et reproduit ci-dessous) que je me suis permis de mettre en rouge les phrases qui m'ont été sucrées! Bizarrement, ce sont pour bonne part des propos qui ne sont pas "politiquement corrects" (mais qui ont été tenus par des gens que je cite nommément). De là à affirmer que j'ai été sabré pour ne part faire de tort aux élus souletins, il y a un pas que -par respect pour l'intégrité de mon confrère qui s'est rendu coupable de ce méfait- je ne franchirais pas!
Ceci juste afin d'illustrer les raisons qui m'ont poussées à créer Euskobizia, puis ce blog... Quand je disais (dans un article précédent) que la liberté de la presse n'était plus d'actualité, je ne croyais pas si bien dire. Peut-on toujours dire que "les faits sont sacrés, et les commentaires sont libres", après ça?
La soirée projection-débat autour de "Une vérité qui dérange", le film d’Al Gore, a fait salle comble au Maule Baitha
ÇA FAIT FROID DANS LE DOS !
Al Gore se présente lui même comme le futur ex-président des États Unis d’Amérique. Après sa défaite controversée -lors des élections qui ont placé son rival George W. Bush à la maison blanche en l’an 2000- il s’est attaché à sillonner le monde afin de sensibiliser l’opinion publique au réchauffement climatique, et à ses conséquences pour la Terre et l’humanité. Le film "Une vérité qui dérange" -projeté en série toute la journée au cinéma Maule Baitha mardi dernier, et qui a attiré plus de 600 personnes, dont plus de 200 lors de la soirée-débat- est en quelque sorte autobiographique, et retrace tout particulièrement cette quête planétaire d’Al Gore et son combat contre le scepticisme un brin hypocrite de ses contemporains. Si l’on peut toujours reprocher au film de ne pas trop s’étendre sur la partie qui concerne les solutions au problème du réchauffement climatique, qui ne dure qu’une quinzaine de minutes, que le documentaire semble monté comme un show "à l’américaine", et donc en priorité à destination du peuple américain, il n’empêche que le fond du message, agrémenté de nombreuses preuves scientifiques irréfutables est indéniablement juste et fait mouche. Loin du scénario catastrophe d’un autre film "Le jour d’après" (de Roland Emmerich), Al Gore se veut pourtant très clair : "continuons à polluer comme ça, et la Terre nous rendra bientôt la monnaie de sa pièce ! Que fera t-on lorsque le Groenland et l’Antarctique auront fondu, et que le niveau de la mer aura monté de 6 mètres de haut ? Comment accueillerons-nous les 100 millions de personnes qui fuiront ces zones sinistrées où ils habitaient avant ? Quel monde allons nous laisser à nos enfants ? C’est maintenant qu’il nous faut agir !"
Le silence des élus
Trois personnes (Remy Morel, de Lacq-Odyssée ; Allande Erreçaret, de Euskal Herriko Laborantxa Ganbara ; et Philippe Méau d’Ékhigéo) avaient été recrutées par l’association Maule Baitha afin d’animer le débat qui a suivi la projection. Comme d’habitude, les premières questions ont eu un peu de mal à fuser, car les souletins semblaient encore pris dans le film qu’ils venaient de voir, mais bien vite, le dialogue a pu s’établir. "J’aimerais savoir si nos élus se sentent concernés par le problème. D’ailleurs, y’a t-il un élu dans la salle ?", s’est enquis Pascal Oliarj, vétérinaire à Tardets. "Au moins c’est clair : leur silence parle pour eux...", a t-il lancé à la cantonade, alors que la réponse tardait à arriver. "Je me garderai de parler en leur nom", a répondu Philippe Méau, "mais je peux vous parler du groupe Ekhigéo, qui est piloté par la communauté de communes Xiberoa, et qui planche pour faire avancer au plus vite les énergies renouvelables en Soule. Le Conseil Général est même venu prendre exemple sur nous pour établir ses propres actions. Il est bon de rendre cet hommage aux élus souletins qui se sont sentis concernés depuis longtemps ! "
Allande Erreçaret a quant à lui fait un résumé de la situation au Pays Basque, une des régions de France les plus touchée par le réchauffement climatique selon lui : "le niveau de l’eau a énormément chuté ces dernières années. La température change aussi : on prévoit 1 degré de plus l’été, et trois de plus l’hiver ! Pour le secteur d’Iraty, il est prévu un jour de neige de moins par an... Un manque à gagner pour le ski, mais aussi pour les ressources en eau. " Toujours selon le technicien de la chambre d’agriculture basque, le réchauffement de la planète serait dû à l’activité humaine journalière, aux industriels, mais aussi à l’agriculture et l’élevage, qui sont de grands pollueurs.
"La surfertilisation du sol est la principale cause d’émission de protoxyde d’azote, un gaz extrêmement agressif pour l’atmosphère. Il en va de même pour les émanations de méthane, provenant des matières fécales des élevages, qui est largement plus offensif que le CO2".
Société schizophrène
Popol Dalgalarondo a tenu à mettre en évidence la contradiction entre les propos écologiques tenus par les dirigeants, et la formidable incitation à la surconsommation en parallèle : "regardez tous ces 4x4, tous ces quads qui fleurissent à chaque coin de rue, ces climatiseurs dont on nous rabâche l’utilité à longueur de journée ! " Nicole Lougarot a quant à elle fustigé les illuminations de Noël : "Puisqu’un service qui travaille sur les énergies renouvelables existe au sein de la Communauté de communes, ne peut-il rien faire contre ses stupidités, encouragées par les communes qui organisent des concours relayés par les médias ?" Pour Philippe Méau, c’est à nous de montrer l’exemple, de rayonner autour de nous, et de faire changer les choses. Ce sont les gouttes d’eau qui forment l’océan.
Rémy Morel, qui parle de "société schizophrène", pense qu’il y aurait nombre de décisions politiques à prendre afin d’infléchir la course. "Regardez le transport de marchandises, qui se fait essentiellement et de plus en plus par voie de route..." Et Daniel Hegobürü, président des Verts du Pays Basque venu soutenir les Verts de Soule avec son équipe, de sauter sur l’occasion pour s’exprimer : "La seule issue, c’est de s’engager politiquement pour faire changer les choses autrement qu’en proposant des pactes écologiques. On peut choisir une politique de solidarité, ou y être contraint par la force des choses. Le film est très clair là dessus".
Certes, "mais nous, à 13 ou 15 ans, que peut-on faire ? ", ont demandé deux jeunes filles au premier rang, restées coites tout au long du débat. "Parlez-en autour de vous", a répondu Philippe Méau, leur conseillant d’accomplir quelques petits gestes écologiques à leur niveau. Comme par exemple d’éviter les trajets en voiture si ce n’est pas nécessaire, opter pour des ampoules à faible consommation, ou poser des interrupteurs sur les appareils électroménager qui restent en veille...
CQFD...